2026, l’année de la bascule : 5 enseignements du Gartner IT Symposium/Xpo

Le message général du Symposium était clair : l’IA n’est plus un enjeu de capacités. C’est un enjeu de maturité. 

Les keynotes, les panels et les retours d’expérience convergeaient vers une même conclusion : la majorité des organisations pensent avancer vite… alors qu’elles tournent en réalité dans un cycle sans valeur : POC → pilote → arrêt → reprojet.

Ce que nous retenons : 

• La donnée est aujourd’hui le facteur limitant n°1.

• Les agents IA arrivent plus vite que prévu, mais sans garde-fous, ils seront inopérants.

• Les organisations n’ont pas encore les pratiques pour tirer de la valeur de l’IA (IA Ops, modèles de gouvernance, mesure de valeur, etc.).

Notre avis : Nous entrons dans une ère où l’IA ne sera plus évaluée sur sa performance technique mais sur sa capacité à transformer un processus métier, à réduire un délai, à faire disparaître un irritant. La vraie bataille se joue sur les operating models, pas sur les modèles de langage.

Autre constat fort : nous ne pouvons plus raisonner la cybersécurité comme une discipline technique.
Elle devient la colonne vertébrale de la confiance, et la confiance devient un actif économique mesurable.

Plusieurs conférences sur les thématiques de la gestion des cyber-risques liés à l’IA, des deepfakes d’identité, de la résilience des systèmes critiques, les métriques orientées résultats, ont mis en évidence un basculement culturel important : les boards n’acceptent plus les discours techniques. Ils veulent des résultats.

Notre avis : Nous sommes enfin en train de sortir d’une décennie où l’on achetait de la cybersécurité “par précaution”. En 2026, nous allons entrer dans une décennie où l’on investira “pour gagner”, pour être plus rapides, plus fiables, plus résilients que ses concurrents. La cyber n’est plus un coût. C’est un multiplicateur de valeur.

Cette année, le thème de la souveraineté était partout. Et ce qui était un débat technique il y a quelques années est devenu un débat stratégique, géopolitique et économique.

Gartner envoie un message clair : il faut désentrelacer les workloads critiques et bâtir des infrastructures minimales souveraines. Pas par idéologie, mais par réalisme — parce que la stabilité des chaînes technologiques devient incertaine.

Cloud, IA, stockage, réseau, données juridiques : chaque couche de la technologie comporte désormais un risque politique.

Notre avis : Nous devons arrêter de penser la souveraineté comme un “surcoût” ou un “frein”. C’est une assurance stratégique, une manière de s’acheter de la prévisibilité dans un monde qui n’en propose plus. Et c’est un sujet que chaque CIO devra traiter, que cela lui plaise ou non.

Le Symposium a été particulièrement clair sur un point : l’IT qui parle d’efforts (projets, heures, infrastructures) va disparaître.

L’IT qui parle de résultats (croissance, efficacité, risques évités) va prospérer. Gartner appelle cela le Value Storytelling.

Nous préférons parler de Value Accountability. Les discussions sur la FinOps avancée, la transformation Cloud orientée valeur, la refonte des modèles de coûts, les roadmaps mesurables, montrent une tendance lourde : le CIO devient un CFO technologique.

Notre avis : Le rôle du DSI n’a jamais été aussi stratégique — à condition qu’il sache traduire chaque euro dépensé en euro de valeur. La bataille n’est plus technologique : elle est narrative, économique et politique.

Enfin, et c’est peut-être le point le plus sous-estimé, nous avons entendu un message fort : la technologie va plus vite que la culture, et si nous n’investissons pas dans les compétences et les comportements, nous n’aurons pas la capacité d’absorber l’innovation.

Les CIO les plus avancés insistent sur trois choses :

• La montée en compétences IA n’est pas une formation, c’est un changement de langue de travail ;

• L’innovation ne peut exister sans sécurité psychologique ;

• Les organisations doivent apprendre à travailler différemment, pas seulement à changer d’outils.

Notre avis : Nous avons longtemps traité la culture comme un complément. En 2026, ce sera un prérequis. Sans une transformation humaine, les transformations technologiques resteront théoriques.

Saber LAABIDI, Associate Partner, Magellan Consulting

Khaled MEZAACHE, Associé, Magellan Consulting